jeudi 14 juillet 2016

Construire pour les nôtres plutôt que de célébrer pour les autres


Nous sommes noir(e)s et patriotes ? Nous ne raterions les célébrations de la fêtes nationale françaises pour rien au monde ? Mais au fait, qu'avons nous réellement à célébrer ce jour là ? 


C'est un énième jour chômé sans aucun lien que ce soit avec notre paradigme culturel, ni encore moins avec une quelconque réalité historique nous concernant. En effet, le "14 juillet" est la commémoration de la prise de la Bastille le 14 Juillet 1789, symbole de la fin de la Monarchie absolue et de ses entorses à la justice, à l'égalité et à la liberté. A bien y réfléchir, le 14 Juillet 1789 était plus ou moins identique au 13 et au 15 Juillet pour nos ancêtres déportés depuis l'Afrique et réduit en esclavage aux Amériques ni pour ceux qui connurent les horreurs de la Colonisation française. Marianne * à "rarement" reconnu en nous des égaux... N'est-ce pas le même drapeau tricolore qui flotte dans les rues en ce jour de célébration nationale que celui qui flottait sur les plantocraties inhumaines de la Guyane, de la Guadeloupe ou de la Réunion, etc ? Le bleu, le blanc et le rouge ne sont-elles pas les couleurs de l'Empire colonial français ?

La recrudescence de "Nègros Fragiles" dans les milieux politiques, sportifs, économiques ou encore celui du divertissement et des me(r)dia, ne devrait pas nous leurrer en nous faisant croire que nous serions subitement devenus des citoyens à part entière. Est-ce suffisant pour nous sentir attaché au drapeau français ? Je ne le pense pas !!! Le racisme structurel de la République et son lot de discriminations, la politique néo-coloniale Françafricaine, la présence militaire sur nos terres, le franc CFA, la pwofitasyon des descendants d'esclavagistes dans les caraïbes, et tant d'autres réalités factuelles devraient nous en dissuader. 

L'heure est à la construction pour le bien-être des nôtres, non pas à la célébration des mensonges des autres !!! 

Agissons Noir&Fièrement afin de faire progresser notre communauté et cela peut importe la date ou l'événement !!!


Panafricainement votre

F.MAKANDAL


*Figure allégorie de la République française

mercredi 20 avril 2016

Le panafricanisme comme principe d'organisation


Il existe au sein de la communauté noire de France et parmi les populations africaines en générale un problème qu'il nous faut urgemment résoudre si nous souhaitons nous engager correctement sur le chemin de l'élévation politique, économique, culturelle et sociale. Ce problème c'est notre désorganisation chronique. En effet, comment faire progresser notre communauté et lui garantir le bien-être, à plus forte raison dans un environnement hostile, si nous ne somme pas organisés, disciplinés, structurés ?

Selon le dictionnaire (un livre que nous devrions tous avoir à portée de main pour éviter de raconter n'importe quoi), "organiser" c'est s'occuper de chacun des éléments d'un ensemble de façon à constituer un tout cohérent et adapté à sa destination.

L'organisation suppose donc la présence d'un organisateur et d'une activité à organiser. Beaucoup d'entre nous se réunissent régulièrement à l’église, au temple, à la mosquée, se rassemblent dans des événements de divers types, et disent appartenir à des organisations. Cependant, nous nous trouvons encore trop désorganisé à l'échelle communautaire.

Dans le genre d'environnement dans lequel nous vivons, dans un système discriminatoire qui manque régulièrement de respect aux noirs, dans une société rongée par les préjugés racistes qui a du mal à accepter le Noir en tant que citoyen à part, nous ne pourrons pas avancer à moins que nous n'adoptions une démarche de panafricaine. De plus nous n'avancerons pas, même avec le panafricanisme, si nous échouons à nous organiser correctement.

Beaucoup de nos grands leaders nous a apporté un haut degré de panafricanisme et également un haut degré d'organisation communautaire. Par exemple, Marcus Garvey, précurseur du panafricanisme et chantre de l’union des noirs du monde entier, nous a offert avec  l'UNIA notamment, un haut degré d'organisation communautaire. Elijah Muhammad, qui dirigea, orienta et fit prospérer la Nation Of Islam  de 1934 et 1975, nous a offert un haut degré d'organisation communautaire. Bobby Seale et Huey P. Newton, fondateurs du mouvement ô combien révolutionnaire Black Panther Party for Self-Defense nous ont offert un haut degré d'organisation communautaire. Le Dr. Kwame Nkrumah, père de l'indépendance Ghanéenne en créant en 1968, afin de lutter contre le colonialisme, le néo-colonialisme, le sionisme, l'impérialisme et toutes les formes d'oppression et d'exploitation  capitaliste, le "All-African People's Revolutionary Party" nous a offert un haut degré d'organisation communautaire. Je pourrais continuer comme cela durant des semaines tant les exemples sont nombreux. L'élévation communautaire et la désorganisation sont incompatibles. S'il y a organisation, il y a de facto élévation communautaire.

Il ne suffit pas de réunir plusieurs Noirs dans une pièce pour être considéré comme une organisation. Pour bâtir une communauté solide, chacun d'entre nous doit chercher à se solidifier (politiquement, économiquement, culturellement, socialement et moralement). C'est en devenant de véritables "Négros Solides" et en nous regroupant autour d'un agent organisateur capable de planifier, de nous structurer, de faire de nous les rouages efficaces d'une mécanique de précision dévolue à notre élévation, que nous serons assurément organisés.

Nous organiser n'implique pas que nous devions diluer nos particularités (langues, système de valeurs, traditions, croyances). Chacune des composantes de notre communauté est unique. Il ne s'agit pas de perdre nos spécificités pour s'organiser communautairement, mais de les développer en adéquation avec le panafricanisme, afin que chacun puisse trouver sa place et contribuer à notre bien-être collectif.

Des générations de noirs se sont efforcées de s'organiser, notamment depuis l'époque où nos pères furent asservis puis colonisés. Ils avaient compris qu'ils ne pourraient rien faire individuellement, qu'ils avaient besoin d'œuvrer collectivement afin d'accomplir une tâche qui en valait la peine. C'est d'ailleurs ce que nous enseigne la sagesse africaine à travers le fameux adage affirmant que "Seul, on va plus vite; Ensemble, on va plus loin " !!!

Ne nous laissons pas non plus emporter par notre ego ou le dogmatisme, car c'est la meilleure manière de ne plus être en mesure de saisir la nécessité de nous unir, de nous lier avec nos frères et sœurs malgré leurs différences.

Si vous et moi, ne parvenons pas à accepter et à dépasser nos différences, nous ne parviendrons jamais à nous organiser au-delà de notre ressemblance et serons condamné à rester au niveau zéro d’organisations communautaire simples, incapables d'agir dans l'intérêt supérieur de notre communauté. Nous resterons faibles et divisés, exploités et opprimés par des hommes et des femmes puissants qui, eux, ont compris le principe de l'organisation et son importance.

Si nous voulons vraiment être libre, si nous voulons vraiment être les maîtres de notre propre destinée, si nous voulons vraiment être autodéterminés, alors l'organisation communautaire doit aller de pair avec ce désir, et le panafricanisme doit être notre GPS afin que nous puissions accomplir ce que nous souhaitons.


Panafricainement Votre, Franswa Makandal

samedi 2 janvier 2016

Le discours de l'Empereur Jean Jacques Dessalines




Le Général en chef au Peuple d'Haïti

Citoyens, Ce n'est pas assez d'avoir expulsé de votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles ;

ce n'est pas assez d'avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux : il faut, par un dernier acte d'autorité nationale, assurer à jamais l'empire de la liberté dans le pays qui nous a vu naître ; il faut ravir au gouvernement inhumain qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir, il faut enfin vivre indépendants ou mourir.

Indépendance ou la mort ... que ces mots sacrés nous rallient, et qu'ils soient le signal des combats et de notre réunion. Citoyens, mes compatriotes, j'ai rassemblé dans ce jour solennel ces militaires courageux qui, à la veille de recueillir les derniers soupirs de la liberté, ont prodigué leur sang pour la sauver ; ces généraux qui ont guidé vos efforts contre la tyrannie n'ont point encore assez fait pour votre bonheur ... le nom français lugubre encore nos contrées.

Tout y retrace le souvenir des cruautés de ce peuple barbare : nos lois, nos mœurs, nos villes, tout encore porte l'empreinte française ; que dis-je ? il existe des Français dans notre île, et vous vous croyez libres et indépendants de cette République qui a combattu toutes les nations, il est vrai, mais qui n'a jamais vaincu celles qui ont voulu être libres.

Eh quoi ! victimes pendant quatorze ans de notre crédulité et de notre indulgence, vaincus non par des armées françaises, mais par la piteuse éloquence des proclamations de leurs agents : quand nous lasserons-nous de respirer le même air qu'eux ? Qu'avons-nous de commun avec ce peuple bourreau ? Sa cruauté comparée à notre patiente modération, sa couleur à la nôtre, l'étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur, nous disent assez qu'ils ne sont pas nos frères, qu'ils ne le deviendront jamais, et que s'ils trouvent un asile parmi nous, ils seront encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions.

Citoyens indigènes, hommes, femmes, filles et enfants, portez vos regards sur toutes les parties de cette île : cherchez-y, vous, vos épouses ; vous, vos maris ; vous, vos frères ; vous, vos sœurs, que dis-je ? Cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle ; que sont-ils devenus ? ... je frémis de le dire ... la proie de ces vautours.

Au lieu de ces victimes intéressantes, votre œil consterné n'aperçoit que leurs assassins ; que les tigres dégouttant encore de leur sang, et dont l'affreuse présence vous reproche votre insensibilité et votre coupable lenteur à les venger.

Qu'attendez-vous pour apaiser leurs mânes ? Songez que vous avez voulu que vos restes reposassent auprès de ceux de vos pères, quand vous avez chassé la tyrannie ; descendrez-vous dans leurs tombes sans les avoir vengés ? Non ! leurs ossements repousseraient les vôtres.

Et vous, hommes précieux, généraux intrépides, qui, insensibles à vos propres malheurs, avez ressuscité la liberté, en lui prodiguant tout votre sang, sachez que vous n'avez rien fait, si vous ne donnez aux nations un exemple terrible, mais juste, de la vengeance que doit exercer un peuple fier d'avoir recouvré sa liberté et jaloux de la maintenir ; effrayons tous ceux qui oseraient tenter de nous la ravir encore ; commençons par les Français ... Qu'ils frémissent en abordant nos côtes, sinon par le souvenir des cruautés qu'ils y ont exercées, au moins par la résolution terrible que nous allons prendre de dévouer à la mort quiconque né français souillerait de son pied sacrilège le territoire de la liberté.

Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Imitons l'enfant qui grandit : son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l'entrave dans sa marche.

Quel peuple a combattu pour nous ? quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux ? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves.

Esclaves ! ... laissons aux Français cette épithète qualificative : ils ont vaincu pour cesser d'être libres.

Marchons sur d'autres traces ; imitons ces peuples qui, portant leurs sollicitudes jusques sur l'avenir, et appréhendant de laisser à la postérité l'exemple de la lâcheté, ont préféré être exterminés que rayés du nombre des peuples libres.

Gardons-nous, cependant, que l'esprit de prosélytisme ne détruise notre ouvrage ; laissons en paix respirer nos voisins ; qu'ils vivent paisiblement sous l'égide des lois qu'ils se sont faites, et n'allons pas, boutefeux révolutionnaires, nous érigeant en législateurs des Antilles, faire consister notre gloire à troubler le repos des îles qui nous avoisinent ; elles n'ont point, comme celle que nous habitons, été arrosées du sang innocent de leurs habitants ; elles n'ont point de vengeance à exercer contre l'autorité qui les protège.

Heureuses de n'avoir jamais connu les idéaux qui nous ont détruits, elles ne peuvent que faire des vœux pour notre prospérité. Paix à nos voisins ; mais anathème au nom français, haine éternelle à la France : voilà notre cri.

Indigènes d'Haïti ! mon heureuse destinée me réservait à être un jour la sentinelle qui dût veiller à la garde de l'idole à laquelle vous sacrifiez ; j'ai veillé, combattu quelquefois seul, et si j'ai été assez heureux pour remettre en vos mains le dépôt sacré que vous m'avez confié, songez que c'est à vous maintenant à le conserver.

En combattant pour votre liberté, j'ai travaillé à mon propre bonheur. Avant de la consolider par des lois qui assurent votre libre individualité, vos chefs, que j'assemble ici, et moi-même, nous vous devons la dernière preuve de notre dévouement.

Généraux, et vous chefs, réunis ici près de moi pour le bonheur de notre pays, le jour est arrivé, ce jour qui doit éterniser notre gloire, notre indépendance. S'il pouvait exister parmi nous un cœur tiède, qu'il s'éloigne et tremble de prononcer le serment qui doit nous unir.

Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination ; de combattre jusqu'au dernier soupir pour l'Indépendance de notre pays. Et toi, peuple trop longtemps infortuné, témoin du serment que nous prononçons, souviens-toi que c'est sur ta constance et ton courage que j'ai compté quand je me suis lancé dans la carrière de la liberté pour y combattre le despotisme et la tyrannie contre lesquels tu luttais depuis 14 ans.

Rappelle-toi que j'ai tout sacrifié pour voler à ta défense : parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté ; que mon nom est devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l'esclavage, et que les despotes et les tyrans ne le prononcent qu'en maudissant le jour qui m'a vu naître ; et si jamais tu refusais ou recevais en murmurant les lois que le génie qui veille à tes destins me dictera pour ton bonheur, tu mériterais le sort des peuples ingrats.

Mais loin de moi cette affreuse idée ; tu seras le soutien de la liberté que tu chéris et l'appui du chef qui te commande.

Prête donc entre mes mains le serment de vivre libre et indépendant, et de préférer la mort à tout ce qui tendrait à te remettre sous le joug.

Jure enfin de poursuivre à jamais les traîtres et les ennemis de ton indépendance.

Fait au quartier général des Gonaïves, le premier janvier mille-huit cent-quatre, l'an ler de l'Indépendance.

Signé : JEAN JACQUES DESSALINES

PREMIER ROI ET EMPEREUR D'HAÏTI 

PÈRE MÈRE DE TOUS LES HAÏTIENS ET HAÏTIENNES QUI SE RESPECTENT ET S'HONNORENT 

VIE FORCE SANTÉ A L'OSIRIS JEAN JACQUES DESSALINES PROTECTEUR DE LA NATION HAITIENNE POUR L'ETERNITÉ 

VIE FORCE SANTÉ A TOUS LES ANCÊTRES TOUS LES GUIDES QUI L'ONT PRÉCÉDÉ ET CEUX QUI SUIVENT SA VOIE