mercredi 30 décembre 2015

Les 3 éléments de la conscience selon Amos Wilson


Le psychologue et auteur Amos Wilson, propose une analyse de l'état actuel de la conscience collective des Noirs et sur la manière dont elle nous empêche de développer des solutions à nos problèmes collectifs.

Wilson définit trois éléments de la conscience:

  • Les contenus - les croyances, les opinions, les connaissances, la connaissance perçue, la perception de soi, la vision du monde, des réponses conditionnées.
  • Instruments - la façon dont nous traitons le contenu dans notre esprit.
  • Organisation directionnel - comment nous utilisons notre conscience pour poursuivre des objectifs; les valeurs que nous défendons; et les raisons derrière nos pensées et nos actions.

Wilson conclut que la suprématie blanche a changé la conscience du peuple noir en nous donnant contenu fabriqué: une fausse histoire, une fausse connaissance et de faux fantasmes. Par conséquent, notre capacité à penser et à agir dans nos propres intérêts a été altérée parce que nous sommes devenus désorientés vis-à-vis de ce qu'est la connaissance, à qui elle appartient, et comment elle doit être utilisé.

mardi 22 décembre 2015

La Philosophie de Kwanzaa

Qu’est-ce que Kwanzaa ?



Kwanzaa tire son essence de la notion de famille ainsi que de la culture et la sagesse Africaine.

La célébration annuelle de Kwanzaa a pour but de réaffirmer les liens indestructibles entre l’Afrique et toute sa diaspora à travers le monde.

D’où vient le mot Kwanzaa? Kwanzaa est un mot de la langue Swahili qui signifie «premiers fruits».

Sur quoi est basée cette fête? Kwanzaa se réfère à ces fêtes agricoles qui suivent communément les récoltes, et donnent lieu aux réunions de famille, au souvenir des ancêtres, à l’expression de notre culture traditionnelle de base.


Sur quoi s’appuie Kwanzaa? Kwanzaa est centré autour de 7 Principes fondamentaux appelés en Swahili, Nguzo Saba ; ces principes sont :

  • Umoja (Unité) : Ce principe nous invite à Créer et maintenir l’unité au sein de la famille, de la communauté, de la Nation.
  • Kujichagulia (Auto-détermination) : Ce principe est essentiel ; il s’agit pour nous d’ Avoir la volonté et surtout le courage de se définir par nous-mêmes, créer et parler par nous-mêmes, décider de ce qui est bon ou mauvais pour nous-mêmes par nous-mêmes et ne pas laisser aux autres l’opportunité, même la plus désintéressée, le faire à notre place.
  • Ujima (Travail collectif et Responsabilité) : Nous devons Apprendre à construire et à maintenir notre communauté soudée ; se soucier des problèmes de nos frères et de nos sœurs pour les aider à les résoudre.
  • Ujamaa (Coopération économique) : Ce principe est fondamental car nous devons Construire et faire fructifier nos entreprises, nos commerces et nos affaires ensembles ; utiliser notre force économique collective pour le bénéfice de la communauté toute entière.
  • Nia (But) : Préserver l’héritage de nos ancêtres. Le but nous appelle tous et toutes à découvrir notre mission dans la vie et comment cette mission sera profitable à toute la communauté.
  • Kuumba (Créativité) : Utiliser nos talents individuels, notre génie, notre imagination et notre créativité pour construire l’harmonie, la beauté et des richesses dans nos communautés.
  • Imani (Foi) : Avoir confiance en nous-mêmes, en nos familles, en nos ancêtres et en nos communautés en dépit de toutes les adversités, en dépit de tous les obstacles et croire en notre réussite, notre prospérité et la justesse de notre lutte.

Quels sont les symboles de Kwanzaa ?


Comme toute célébration, Kwanzaa a également ses symboles :
  • La coupe de l'Unité (Kikombe cha Umoja)
  • Le bougeoir à sept branches (Kinara), chacune de ces branches représente un des sept principes fondamentaux.
  • L'épi de maïs (Muhindi)
  • Les présents (Zawadi)
  • Le drapeau (Bendera), du nationalisme Noir, ses couleurs sont le Rouge, le Noir et le Vert. Le Jaune peut compléter ces trois couleurs et symboblise l’Or et la Richesse.

Symboles complémentaires :

  • Des statues en bois ou éventuellement d’autres objets représentant l’art et la créativité africaine.
  • Quelques livres qui comptent pour nous et qui symbolisent notre engagement à apprendre et notre attachement à notre héritage.

L'histoire de Kwanzaa

Comment et où est née la fête Kwanzaa ?


La célébration de Kwanzaa fut «élaborée» en 1966 par le professeur africain-américain Maulana Karenga. Il militait avec bien d’autres africains-américains pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs dans les années 1960.

La lutte fut dure pour tous les Noirs à travers le monde ; Karenga décida de faire quelque chose pour promouvoir et réaffirmer les liens entre les Noirs des Amériques et d’Afrique.


C’est dans ce contexte du mouvement de lutte pour la liberté et la dignité des Noirs aux USA qu’il crée cette célébration, un concept conçu par les Noirs, qui parle aux Noirs comme à un peuple uni et fort, qui réaffirme les racines africaines de toutes les communautés Noires dans le monde.


Comment célébrer Kwanzaa ?


La période de Kwanzaa est une période de fête et d’allégresse. Cette période se prépare ; il est nécessaire de s’y prendre suffisamment tôt et le mieux est de faire une liste des articles qui vous seront nécessaire.

Les éléments


  • un bougeoir à 7 branches (Kinara, en bois ou en métal) - A ne pas confondre avec d’autres objets de cultes utilisés par d’autres communautés.
  • 7 bougies (Saba de Mishumaa, à trouver dans les petites échoppent qui vendent les objets de cultes) :
  • une noire : la bougie noire est placée au centre du Kinara.
  • trois rouge : elles représentent les principes Auto-détermination,Coopération économique et Créativité et sont placées à gauche de la bougie noire.
  • trois verte : elles représentent les principes Travail collectif et responsabilité, But et Foi et sont placées à droite de la bougie noire.
  • une coupe - la coupe qui symbolise l’Unité
  • une natte (Mkeka) - Bien que la paille soit suggérée parce qu’elle est une matière traditionnelle, le tissu peut parfaitement être utilisé, il faut simplement qu’il soit d’inspiration africaine (bogolan, wax...). C’est sur cette natte que sont placés tous les autres objets et symbolise la tradition en tant que fondation.
  • des épis de maïs (Muhindi) - ils symbolisent le nombre d’enfants de votre foyer destinés à perpétuer la tradition et représentant notre avenir... Peu importe leur nombre car dans la tradition africaine, l’enfant appartient à tous et chaque adulte est considéré comme un parent immédiat ou social.
  • des cadeaux (Zawadi) : offrir des présents enrichi celui qui offre.
  • un assortiment de fruits (à pépins particulièrement) et légumes frais(Mazao) : oranges, citrons, mangues, bananes, fruits de la passion, .... ignames, bananes plantain, patates douces....

Tous ces éléments vont vous permettre alors de dresser un petit autel à un endroit que vous aurez choisi dans la pièce principale de votre appartement, de votre maison ou de n’importe quel lieu où vous aurez décidé de fêter Kwanzaa.

Pour préparer la célébration :


  • Recouvrir votre table du Bendera. Puis poser en son centre votre Mkeka.
  • Placez au centre de la Mkeka, le Kinara et le Mishumaa Saba.
  • Placez ensuite la Kikombe cha Umoja. C’est avec elle que vous allez procéder à la libation aux ancêtres pour honorer leur souvenir.
  • Disposer les Mazao et les Muhindi.
  • Terminer en installant les livres et les statues ou objets d’art auquels vous tenez particulièrement.

Quant aux Zawadi ils sont plutôt offerts le dernier jour de la célébration et disposer au pied de l’autel.

Le cérémonial


Il est important que nous arrivions à une célébration de Kwanzaa avec un bon état d’esprit, avec un profond respect pour ses valeurs, ses symboles et ses pratiques et ne rien faire qui viole son intégrité.


En second lieu, nous ne devons pas associer les périodes de congés ou les symboles, les valeurs et les pratiques de Kwanzaa avec ceux d’autres cultures. Ceci irait à l’encontre du principe Auto-détermination (Kujichagulia).

  • Une fois que votre autel est prêt, la famille et/ou les amis se rassemblent le premier jour pour allumer la première bougie correspondant au principe du jour :
  • Le 26 décembre nous allumons la bougie noire Unité ;
  • Le 27 décembre nous allumons la bougie noire Unité et la bougie rouge Auto-détermination ;
  • Le 28 décembre nous allumons la bougie noire Unité, la bougie rouge Auto-détermination puis la bougie verte Travail collectif et Responsabilité et ainsi de suite en alternant de gauche à droite, rouge et vert jusqu’au 1er de l’an.
  • Pendant que la bougie est allumée, le principe du jour est discuté ; chacun peut dire ce que signifie le principe pour lui et comment il l’a pratiqué pendant la journée ou l’année. Après cet échange, chacun fait vœu de pratiquer ce principe tout au long de l’année qui vient.
  • S’ensuit d’autres activités que vous aurez pris soin d’organiser avant telles que : 
  • la lecture de textes (littérature, poésie écrites par des auteurs appartenant à la culture africaine/caraibéenne 
  • et/ou la danse 
  • et/ou le chant 
  • et/ou la musique 
  • et/ou des activités de créations autour de Kwanzaa (dessins, coloriage...)

Lorsque le moment du partage du repas arrive :

Procéder aux libations avec la Kikombe cha Umoja et veillez à préparer un plat et de la boisson pour les ancêtres ; seulement après, les mets, qui auront été autant que possible confectionné par chacun, peuvent être consommés par l’assistance.


La célébration de Kwanzaa se termine le premier jour de la nouvelle année. Vient alors pour nous le temps de trouver une réponse à trois questions fondamentales :

  • Qui suis-je ? 
  • Suis-je vraiment ce que je dis que je suis ? 
  • Suis-je tout ce que je souhaite être ?

En définitive ce dernier jour est un moment de réflexion et de recentrage sur soi afin d’aborder au mieux le nouveau cycle qui va commencer.

Source : http://www.kwanzaa-apck.com/

mercredi 16 décembre 2015

Il y a 8.000 ans, les Européens étaient noirs de peau

L'arrivée en Europe de l'Homme moderne (Homo sapiens) se situe vers -40.000 ans. Les comparaisons entre différentes populations humaines actuelles des séquences de l'ADN mitochondrial et du chromosome Y suggèrent fortement que tous les humains actuels ont une origine commune située en Afrique. Le plus ancien Homo sapiens connu jusqu'à présent a été découvert dans le gisement d'Omo Kibish (Ethiopie) daté de -195.000 ans. Les sites archéologiques découverts dans la péninsule arabique attestent que des Homo sapiens l’ont habitée aux environs de -125.000 ans. 75.000 ans plus tard, ils atteignent l’Indonésie, et 85.000 ans plus tard, ils sont en l’Europe. Leur représentant européen le plus connu est l'Homme de Cro-Magnon. Voici qu'aujourd'hui la science affirme que, non seulement l’homo sapiens d'origine négro-arabe a peuplé l’Europe à partit de -40.000 ans (-40 ka) environ, mais que, jusqu’à -6000 ans environ, ce qui très récent, les Européens étaient noirs de peau.


Pourquoi la peau est-elle devenue plus claire ?


L’homme a un besoin vital de soleil pour assurer sa survie. Plus il s’est trouvé sous des latitudes de faible ensoleillement, plus sa peau s’est éclaircie pour lui permettre de recevoir la dose de soleil salutaire à sa survie. C’est la quantité de mélanine (filtre UV naturel) qui donne sa couleur à la peau. La peau noire a un très haut pouvoir filtrant.

La dépigmentation régressive de l’homme noir vers le blanc a suivi sa migration climatique. Il existe une corrélation claire entre la latitude et la pigmentation de la peau : « les peuples, qui ont passé une longue période de temps à des latitudes plus élevées, se sont adaptés à ces conditions par la perte de la pigmentation de la peau qui est commune aux latitudes plus basses », a expliqué Sandra Beleza, de l’Université de Porto au Portugal. Une peau plus claire exposée au soleil peut générer plus de vitamines D par rapport à une peau plus foncée, ce qui rend l’adaptation importante pour les humains qui erraient loin des régions équatoriales.

Il y a 8000 ans, les Européens étaient noirs de peau


D'après des anthropologues, l'homme « blanc » existe depuis peu. Leur étude, présentée lors de la réunion annuelle des anthropologues américains le 26 mars 2015, montre que l'homme à la peau blanche n'existe que depuis 8.000 ans.

On savait déjà que l'humanité n'avait migré vers le nord que tardivement, et que les premiers homos sapiens installés en Europe, il y a 40.000 ans, étaient noirs de peau. Mais de nouvelles données présentées fin mars à la réunion annuelle des anthropologues américains montrent que les populations d'Europe du sud et du centre avaient toujours la peau pigmentée il y a 8.500 ans, rapporte "Science Magazine", relayé par "Slate.fr".

Les chercheurs ont comparé les génomes de 83 individus issus de différents sites archéologiques européens, notamment en Espagne, au Luxembourg et en Hongrie. La même équipe avait révélé en février que les Européens modernes avaient principalement pour ancêtres trois populations du Néolithique : des chasseurs-cueilleurs présents depuis le Paléolithique (arrivés du Proche Orient il y a 40.000 ans), des fermiers arrivés aussi du Proche-Orient il y a 7.800 ans, et un peuple d'éleveurs de troupeaux, les Yamnaya,arrivé depuis les steppes du nord de la mer Noire il y a 4.500 ans.

Ce sont ces derniers qui pourraient avoir introduit les langues indo-européennes en Europe, avançait l'étude, publiée dans la revue "Nature".

Les Européens n’ont pas hérité de la peau claire des Néandertaliens


Beleza et ses collègues ont étudié trois gènes associés à la pigmentation de la peau plus claire. Bien que ces gènes se retrouvent dans toutes les populations humaines, ils sont beaucoup plus fréquents en Europe qu’en Afrique, et expliquent une part importante des différences de couleur entre la peau des populations européennes et africaines.

En analysant les génomes de 50 personnes d’origine européenne et 70 personnes avec une ascendance africaine subsaharienne, l’équipe de Beleza a pu estimer quels sont les trois gènes (et la peau pâle) qui se sont répandus en premier dans les populations européennes. Le résultat suggère que les trois gènes associés à la peau pâle ont balayé la population européenne il y a seulement 11.000 à 19.000 ans.

« Les balayages sélectifs pour favoriser les Européens [versions des trois gènes] ont commencé bien après les premières migrations des hommes modernes en Europe », a signalé Beleza.

« La conclusion est en accord avec des études antérieures, suggérant que les humains modernes n’ont pas perdu leurs peaux foncées immédiatement après avoir atteint l’Europe », a dit Katerina Harvati, de l’Université de Tübingen, en Allemagne. « [La nouvelle étude] est intéressante car elle suggère une différenciation très tardive de pigmentation de la peau chez les humains modernes », a-t-elle exprimé.

Une analyse précédente d’anciens ADNs d’ossements néandertaliens datant de 40.000 et 50.000 ans, respectivement d’Espagne et d’Italie, a suggéré que nos cousins néandertaliens disparus au cœur du continent européen avaient la peau claire et les cheveux roux. Mais les hommes de Néandertal se sont éteints il y a environ 28.000 ans – bien avant que les humains modernes d’Europe n’aient acquis une peau pâle. Évidemment, les Néandertaliens n’ont pas réussi ces adaptations locales utiles à l’homme moderne, en dépit des preuves génétiques du croisement des deux espèces.

Contacts dans le Moyen-Orient


« Cela peut paraître surprenant étant donné que les deux espèces vivaient coude-à-coude en Europe depuis plusieurs milliers d’années. Mais il est logique que le métissage – mis en évidence dans les gènes – se soit produit au Moyen-Orient, où les humains modernes et les Néandertaliens se sont rencontrés pour la première fois », a écrit Chris Stringer, du Musée d’Histoire Naturelle de Londres.

Dans cette région, les Néandertaliens ont pu avoir une peau plus sombre, ce qui explique pourquoi notre espèce ne bénéficie pas d’une pâleur de la peau après le croisement avec eux. En effet, une étude, effectuée plus tôt cette année, sur de l’ADN ancien, a suggéré que les Néandertaliens, vivant dans ce qui est aujourd’hui la Croatie, avait une peau foncée et les cheveux bruns.

« La couleur de peau de Néandertal était probablement variable, chose à laquelle on pouvait s’attendre pour une population importante répartie sur une grande étendue territoriale », a expliqué Harvati.

Cette étude a été publiée dans la revue Molecular Biology and Evolution, sous la référence doi.org/h9h. Les citations viennent du NewScientist.

France et Maghreb


Un précédent article traitant de la migration de notre ancêtre commun, l’homo sapiens, d’Afrique vers l’Arabie, puis d’Arabie vers le reste du monde, m’a valu beaucoup de réactions courroucées de lecteurs français. Pourtant, je n’y faisais que relater les dernières découvertes faites par d’éminents chercheurs occidentaux, qui ne peuvent pas être, dans leur grande majorité, motivés par des considérations racistes ou par une haine anti française , d’autant plus que ces recherches concernaient l’Europe dans sa globalité, et non pas la France en particulier.

De même, lorsque la science démontre que les Maghrébins ne sont pas des Arabes**, les Maghrébins qui apprennent à l’école que leurs ancêtres sont les Arabes, et qui sont soumis à un lavage de cerveau intensif dans tous les médias "nous sommes TOUS des arabo-musulmans !", sont tout aussi furieux, et ont exactement les mêmes réactions véhémentes. 

Pour ces Maghrébins, l'Histoire commence avec les invasions arabo-musulmanes du septième siècle.

Pour ces Français, l'Histoire commence avec "Nos ancêtres les Gaulois". Or les Celtes seraient arrivés en France vers le cinquième siècle avant J.C. il y a 2500 ans environ. Les Francs de Clovis sont arrivés vers l'an 400, il y a 1600 ans environ. Cela veut dire que, depuis l'arrivée de l'Homme Moderne (Homo Sapiens), la France a été gauloise durant 6% de son histoire, et franque durant 4% . En termes de générations (si l'on compte 25 ans par génération), depuis 42.000 ans, il y a eu 1680 générations, dont 100 générations celtes/gauloises et 64 générations franques, ce qui démontre que les immigrations celtes et franques sont relativement récentes par rapport à l'histoire de l'Homo Sapiens en France.

Voici ce qu'écrit Le Point du 25/01/2015 : "La France est peuplée de migrants et de leurs descendants. Il ne s'agit d'ailleurs pas de descendants de Gaulois, qui ne furent qu'un peuple parmi les envahisseurs de passage. Les Celtes ont traversé la France, quand les Grecs et peut-être les Phéniciens occupaient le littoral méditerranéen. Le fantasme nostalgique d'une France issue de la Gaule, qu'il n'a pas connue, d'un Éric Zemmour, avec le succès de son livre que l'on connaît, traduit surtout une névrose, associant peur du changement, ignorance et aveuglement. La France continentale européenne est une nation géographique, aux frontières majoritairement naturelles (mer et montagne) mais poreuses, placée au centre de l'Europe, elle a été le réceptacle de toutes les migrations d'Europe et du Sud, en particulier venues de pays qu'elle a d'abord envahis. La Bretagne, chère aux Le Pen, n'a jamais été colonisée par les Francs - alors ce ne sont pas de vrais Français ? -, mais par les Romains, pendant 500 ans, en dépit d'Astérix qui flatte notre imaginaire gaulois, puis au Sud par les Bretons venus en y important leur langue, du sud de l'Angleterre dont ils étaient chassés par les Saxons ... Au nord, la France fut envahie par les Normands scandinaves. Comme le chantait Maurice Chevalier "Et tout ça, ça fait d'excellents Français", ni plus ni moins xénophobes que les autres ! Ceux qui plaident pour la mémoire devraient relire l'histoire..."

Quand on parle d’origine des humains, des gens croient qu’on touche à leur identité. Dès qu’on touche à l’identité, l’ego n’est pas loin, y compris sous la forme d’ego collectif. Sur ce terrain, l’ethnocentrisme est roi et tout le monde voudrait avoir la propriété exclusive des origines de la civilisation, voire de l’humanité ! Herder disait : 

« chaque vieille nation aime tant se considérer comme la première-née et prendre son pays pour le lieu de naissance de l'humanité ! ».

~ Hannibal GENSERIC

Source : http://www.agoravox.fr/

Le panafricanisme : relocalisation sémantique


« L’un des mérites de notre époque, est d’avoir dépassé l’opposition jadis irréductible, et sur laquelle butaient tous les savants, entre science et politique. La politique est devenue une science autant que la science est fondamentalement politique, au sens où l’une comme l’autre s’attachent d’abord à mesurer et à calculer des hypothèses pour réduire les erreurs dans nos choix, rationaliser nos décisions et nos lois, et pour construire un avenir choisi et non subi. (…) C’est pour cette raison qu’il convient de corriger toute forme de séparation radicale entre la science et l ’art de conduire les affaires de la Cité. C’est que politique et science ont ici une seule et même préoccupation », 
Grégoire Biyogo, Omar Bongo Ondimba, l’Insoumis ?, p. 9, Editions l’Harmattan Gabon, Collection Recherche & Pédagogie, 2008.

Dans une précédente communication, nous avions apporté un certain éclairage sur la compréhension de la « révolution » dans la doctrine shabazziya: Cette perception,cette acception qui nous est propre fait de cette notion, non pas un germe comme se l’imaginent les 85%, mais un fruit ; non pas une cause mais une conséquence.

Ceci n’empêchant pas cela, il est entendu bien évidemment que le fruit possède en puissance le germe, de même que toute conséquence contient potentiellement en gésine une cause en devenir. Cette révolution sémantique, atoumologique que nous avons entamé dans cette catéchèse shabazzienne se poursuit avec l’endoscopie d’une autre donnée d’ordre idéologique, cette fois-ci, dont la portée est loin d’être négligeable.

En effet, à l’heure où l’on célèbre, bon gré mal gré, en Occident le crépuscule des idéologies avec la mort du 20ème siècle qui a emporté dans son cortège funèbre le communisme et son avers le libéralisme, le nazisme et son pendant le fascisme,l’athéisme et son compagnon de déboire le nihilisme, l’existentialisme et son partenaire dégénérescent qu’est le féminisme, le Monde noir ou la Mélanodermie (plus de 90% de la population mondiale) voit fleurir dans ses rangs forces pensées, forces idéologies, forces tendances et concepts à mêmes de soutenir de façon pérenne son redressement, sa résurrection (dans le sens étymologique du terme), son rétablissement, sa réémergence définitive.

Ces courants et schémas de pensées qui s’originisent au sein même du peuple originel arrivent enfin à maturation, pour un certain nombre d’entre eux, avec la fin de la première décennie du 21ème siècle. Tel est le cas, par exemple, du panafricanisme [1] qui fête en cette année 2013 sa 113ème  année d’existence. Et quand nous disons existence, nous faisons allusion, non pas à son origine, qui remonte bien avant le 19ème siècle avec des personnages divers comme le richissime « émigrationiste [2] » Paul Cuffee (1759-1817), l’évêque méthodiste Daniel Coker (1780-1846) ou encore le plus célèbre des épistoliers méconnus à savoir le militant pour le rapatriement Abraham Camp[3] ; mais à son commencement, son officialisation, sa manifestation physique, sa sortie du bois secret qui s’est traduite par l’organisation en 1900, au Westminster Town Hall (donc avec l’autorisation de l’archevêque de Londres), de la 1ère Conférence Internationale de l’Association Africaine (fondée en 1897) présidée par l’avocat trinidadien Henry Sylvester Williams (1869-1911), qui de l’avis de nombreux historiens sérieux, dont Fulbert Sassou Atisso, fut l’inventeur du terme « panafricanisme » :

« Il [Henry Sylvester Williams] fut l’inventeur du terme « panafricanisme » qui finit par supplanter celui de « panégrisme » cher à W.E.B. DuBois [4] »

A la suite de ce coup d’envoi virent jour cinq Congrès Panafricains (1919, 1921, 1927, 1937, 1945) où se succédèrent à leurs tribunes d’illustres noms comme ceux de W.E.B DuBois, de Blaise Ndiaye, de George Padmore et bien d’autres encore tombés dans la confidentialité de l’Histoire mais dont l’apport pour cette lutte est on ne peut plus estimable. Nous pensons, pour ne citer que quelques exemples, à un des plus prestigieux participants du dernier Congrès Panafricain (1945, Manchester, Grande Bretagne) en la personne de Sa Majesté Royale l’Agofé Atabua, souverain du Royaume de Lado [5] (en Afrique Centrale) et dont la capitale Arua fut la première capitale du panafricanisme. Il avait notamment pour secrétaire général Kwamé Nkrumah et pour secrétaire général adjoint Jomo Kenyatta dont l’Histoire retiendra leur contribution décisive dans le combat contre le colonialisme occidental. 

Nous pensons aussi au panafricain d’origine indienne Saklatvala Shapurji [6] (1874-1936) dont l’engagement politique pour la justice sociale a été fort remarquable et fort remarquée à la Chambre des Communes britannique dont il fut un des parlementaires.

Plus de 110 ans après cet événement majeur [Conférence de l’Association Africaine]  dans l’Histoire de la Mélanodermie, il nous apparaissait urgent de diriger à nouveau les projecteurs sur cet idéal, cette idée fondatrice, cette pensée galvanisatrice qu’est le panafricanisme.

Il se trouve que l’outil étymologique segmente ce terme (=panafricanisme) en trois parties distinctes composées d’un préfixe (pan-), d’un radical (afrique) et d’un suffixe (-isme).Le suffixe « isme » est utilisé pour la formation d’une notion idéologique, d’un courant de pensée, d’une dynamique éthologique. Le préfixe « pan » sert à désigner l’idée de globalité, de tout, de l’ensemble. Pour ce qui est du radical« Afrique » nous ne développerons pas dans cet article une étude atoumologique à son sujet.

Ainsi donc le panafricanisme serait une idéologie politique, à l’instar du consciencisme, du mobutisme, du houphouëtisme, du prophétisme des églises du réveil et autres innovations politiques développées, ici et là, en Afrique par ses leaders tout au long du 20ème siècle.
Qui dit idéologie dit forcément cohérence intellectuelle, solidarité organique des concepts la constituant et continuité de la pensée l’ayant accouchée. Or, la singularité de cette idéologie qu’est le panafricanisme réside dans sa discontinuité, dans sa non-solidarité organique et son incohérence à bien des égards.

Il est tacitement convenu que l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) qui célèbre en cette année 2013 le cinquième anniversaire de sa fondation en 1963 à Adis-Abéba (Ethiopie) aurait été un instrument du panafricanisme. Il est aussi consensuellement soutenu que l’Union Africaine (UA) qui a pris naissance en 2002 à Syrte (Libye) sous l’impulsion du feu Roi des rois de la tradition Africaine, le Guide Mouammar al-Gadhafi, serait aussi un outil du panafricanisme.

Comment deux réalités si différentes peuvent être géographisées sous le même vocable ? A l’intérieur même de ces deux organisations (OUA et UA), les leaders panafricains y partagent des opinions politiques, économiques, stratégiques, et culturelles diamétralement opposés.

Quelle solidarité organique entre un Wade, qui se dit panafricain, et un Gadhafi qui se définissait comme panafricain ? Quelle cohérence intellectuelle entre un Rawlings qui appliqua au Ghana le libéralisme économique et un Nyerere qui adopta la doctrine économique socialisante pour la Tanzanie? Pourtant les deux se réclament du panafricanisme.

Quelle continuité culturelle entre un Boganda qui invite à une République Latino-Centrafricaine et un Atabua défenseur d’un régime royaliste ? Pourtant ils sont tous deux des figures marquantes du panafricanisme dans la région de l’Afrique Equatoriale.

Quel rapport entre un Garvey « l’émigrationiste » et DuBois « l’intégrationiste » ? Pourtant les deux sont deux monuments incontournables du panafricanisme ?

Ainsi l’on comprend que les échecs successifs des différentes institutions, des différents programmes et tentatives à caractère panafricain trouvent un de leurs points faibles majeurs, une de leur fragilités névralgiques, une de leur inconsistances éliminatoires, une de leurs instabilités déséquilibrantes non pas forcément dans le manque d’épaisseur de leurs porte-étendard mais dans le cœur même du panafricanisme. Ce ne sont pas forcément les hommes qui ont failli, mais plus justement leurs idéologies qui, à notre sens, étaient inappropriées.

De la même manière que dans la première moitié du 20ème siècle une partie du monde a considéré le marxisme comme un outil idéologique, philosophique, politique, culturelle, militaire au service de la lutte des classes, le panafricanisme se doit d’être un outil pour la réémergence, le redressement, la résurrection  du peuple originel.

Sous quelle forme devrait alors se matérialiser, en 2013, cet outil pour se montrer le plus efficient dans l’atteinte des objectifs pré-fixés ? Formuler différemment, l’on pourrait dire, quelle(s) forme(s) le panafricanisme ne devrait-il plus adopter pour le bien de la dynamique de l’Histoire des Africains ?

Pour répondre à cela nous disons que la faille du panafricanisme c’est de s’être présenté au monde sous le manteau d’une doctrine, d’un courant de pensée, d’une option politique et non sous celui d’un corps de sciences constitués.

Pour atteindre ses objectifs tout en conciliant les inévitables divergences doctrinales internes, le panafricanisme se doit de se constituer dès aujourd’hui en science au même titre que la stratégie, la géopolitique, ou encore la polémologie.

Nous disons qu’à partir de 2013, le panafricanisme ne devrait présenter qu’un seul visage, à savoir celui d’une discipline scientifiquement établie dont l’objet serait l’Afrique et les sujets d’études seraient aussi variés que la géographie, l’économie, la sociologie, la théologie et bien d’autres encore. Ainsi, cette nouvelle science serait traversée par des doctrines, des courants de pensée comme c’est le cas dans d’autres sciences. Si l’on prend le cas de la géopolitique américaine, l’on trouvera dans son corpus la doctrine Monroe, chez les Chinois la doctrine du« collier de perle », ou chez les Zoulous de l’Empereur Shaka Zulu la doctrine Mfécane.

Le panafricain d’aujourd’hui désormais se présente aux yeux du monde comme un scientifique fin connaisseur et grand utilisateur des moyens techniques que proposent les mathématiques (statistiques, analyse, algèbre booléen, etc.), les sciences physiques, la télédétection, l’histoire, la communication, etc. pour l’élaboration de son option, de son courant de pensée.

Avec cette nouvelle conception du panafricanisme, nous en élevons le degré d’exigence, car en en faisant une science cela obligera tout un chacun à s’armer intellectuellement, à se muscler technologiquement et à briller pragmatiquement. L’on ne peut plus à ce jour se proclamer panafricain seulement parce que l’on porte un T-shirt à l’effigie d’une grande figure de l’Histoire africaine, mais parce que l’on a d’abord étudié profondément cette science, que l’on a adopté un de ses courants que l’on nourrit et enrichit par nos contributions, par nos apports intellectuels et autres et surtout parce que l’on participe effectivement à la concrétisation, à la matérialisation du courant de pensée panafricain qui est le nôtre.

Ainsi, pour prendre notre cas, notre doctrine panafricaine est désignée sous le vocable de « géo-panafricanisme d’expansion » ou« doctrine Shabazz ». Cette option panafricaine se caractérise par une pensée économique khépériste, une vision politique intégralement monarchique, une géographie expansionniste, une philosophie chtonienne et empiriste.

Comme nous le voyons, il ne suffira plus de se proclamer panafricain pour l’être mais se former scientifiquement pour le devenir. Du coup, l’invite du feu Pr Cheikh Anta Diop prend tout son sens quand il nous disait « Armez-vous de sciences jusqu’aux dents ». En somme, ce qu’il dit pourrait se traduire par « armez-vous de la science panafricaine jusqu’aux dents ».

Il est donc temps que les écoles du panafricanisme se structurent pour dégager leurs doctrines respectives, former leurs scientifiques, mettre en pratique leur vision panafricaine. L’heure est venue pour les scientifiques du panafricanisme de faire preuve d’opérabilité, de fonctionnalité. Car c’est à l’aune de leur impact positif sur l’Afrique que seront désormais mesurer les différentes doctrines panafricaines et non au nombre d’années passées en prison, ni au taux de popularité post-mortem, ni à la place dans le classement des Institutions Financières Internationales (Banque Mondiale, Fond Monétaire Internationale, etc), et autres critérium incongrus tant vantés par la communauté dite panafricaine. Le panafricanisme est une science et les panafricains des scientifiques.

TAHERUKA SHABAZZ, Maître de l’Ecole Shabazziya


[1] Sur l’étude du panafricanisme primitif consulter avec profit l’ouvrage d’Oruna D.Lara, « La naissance du Panafricanisme. Les racines caraïbes, américaines et africaines du mouvement au XIXème siècle. », Maisonneuve &Larose, 2000. Il est de très loin le meilleur ouvrage consultable en langue française.

[2] Sur les différents courants émigrationnistes et intégrationnistes consulter ces documents. Nous avons met la focale sur James Forten, car nous estimons qu’il est un personnage important devrait gagner à être plus connu :

Wilson Jeremiah Moses, “Classical Black Nationalism: from the American Revolution to Marcus Garvey”, p. 48 (James Forten); James H. Sweet, “Recreating Africa: Culture, Kinship and Religion in the African-Portuguese World, 1441-1770”; Dorothy Porter, “Early Negro Writing 1760-1837”, p. 250 (James Forten); Julie Winch, professeur à l’Université de Massachusetts (Boston), “A Gentleman of color: the life of James Forten”; Ousmane Kitumu Greene, “Against Wind and Tide: African American’s Response to the Colonization Movement and Emigration, 1770-1865

[3] Sur l’étude du cas d’Abraham Camp nous suggérons cette bibliographie suivante :Great Britain Parliament, House of Commons, “Parliamentary Papers, House of Commons and Command, Volume 27”,page 26; David B. Davis, “Antebellum American Culture; An Interpretative Anthology”, page 284 ; Oscar Reiss, “Blacks in Colonial America”,page 150. Ce dernier ouvrage nous donne également à découvrir d’autres émigrationistes africain-américain du début du 19ème siècle.

[4] Fulbert Sassou Atisso, De l’Unité Africaine de N’Krumah à l’Union Africaine deKadhafi, p. 66, Editions ; le propos se retrouve également chez Cécile Laronce qui lui attribue la paternité du terme : « On considère que c’est lui [Henry Sylvester Williams] qui introduit le concept de panafricanisme », Cécile Laronce, N’Krumah, le Panafricanisme et les Etats Unis, p. 24 ; Editions. Consulter également Arika Sherwood, “Origins of Pan-Africanism: Henry Sylvester Williams and the African Diaspora” qui est un meilleur ouvrage sur le père du panafricanisme primitive.

[5] Ce royaume de Lado et son souverain l’Agofé Atabua son sommairement traités dans cet ouvrage de Mawut Achiecque Mach Guarak, “Integration and Fragmentation of the Sudan: An African Renaissance”,p. 178

[6] Une petite bibliographie pour commencer à faire connaissance avec Salatvala Shapurji : Amouzou Essé, “Mouammar Kadhafi et la réalisation de l’Union Africaine”, p.103 ;C.L. Innes, « A history of Black and Asian wrinting in Britain : 1700-2000 », p. 264 ; J. Ayodélé Langley,“Pan-Africanism and nationalism in WestAfrica, 1900-1945: A study in ideology and social classes”, pp. 75,310, ClarendonPress, 1973, 421 pages ; George Padmore, “Panafricanism or Communism?: the coming struggle for Africa”, pp.328, 461, D. Dobson, 1956, 463 pages

Qu'est-ce que la suprématie blanche?

La suprématie blanche est un système historiquement fondé,  sur institutionnellement perpétué d'exploitation et d'oppression des continents, des nations et des peuples de couleur par les peuples blancs et les nations du continent européen, dans le but de maintenir et de défendre un système de richesse, de pouvoir, et de privilège.

I. Pourquoi la suprématie blanche est un système ?


L'erreur la plus courantes que les gens font lorsqu'ils parlent de racisme c'est de penser que c'est un ensemble de préjugés et d'actes individuels de discrimination. Ils ne voient pas que c'est un système, un réseau de verrouillage, le renforcement des institutions: économiques, militaires, juridiques, éducatives, religieuses et culturelles. En tant que système, le racisme affecte chaque aspect de la vie dans un pays.

En ne comprenant pas que le racisme est systémique (s'inscrivant d'un système), les gens personnalisent ou individualisent souvent  les actes racistes. Par exemple, ils vont réduire le comportement raciste de la police comme étant celui de "quelques pommes pourries" qui doit être supprimé, plutôt que de voir qu'il existe dans les services de police, dans tout le pays et qu'il est la base de la société. Cette erreur a des conséquences réelles: refuser de voir les brutalités policière dans le cadre d'un système, et que le système doit être changé, signifie que ces brutalités vont se poursuivre.

La nécessité de reconnaître le racisme comme étant systémique est une des raisons pour lesquelles le terme de suprématie blanche a été plus utile que le terme de racisme. Ils se réfèrent au même problème, mais:

  • Le but du racisme est beaucoup plus clair quand nous l'appelons "suprématie blanche." Certaines personnes pensent que le racisme juste une question de préjugés. Le terme "Suprématie" définit une relation de pouvoir.
  • La race n'est pas un concept scientifique. Bien que le racisme soit une réalité sociale, il est basé sur un terme qui n'a pas de réalité scientifique biologique ou autre.
  • Le terme "racisme" conduit souvent à des impasses lors des débats quant à savoir si une remarque ou une action particulière par une personne/individu  de race blanche est vraiment raciste ou non. Nous allons atteindre une meilleure compréhension du racisme en analysant la façon dont une certaine action concerne le système de la suprématie blanche.
  • Le terme de "suprématie blanche" donne aux blancs un choix clair de soutien ou d'opposition à un système, plutôt que de nous enliser dans des revendications anti-racistes (ou non).

II. Pourquoi la suprématie blanche est un système historiquement fondé ?



Chaque nation a un mythe fondateur, c'est à dire l'histoire que l'on enseigne sur la façon dont la nation est venue à l'existence. Aux États-Unis, le mythe commence avec la soi-disant «découverte» de l'Amérique par Colomb, continu avec les colonies des courageux pèlerins, l'obtention de l'indépendance vis-à-vis de l'Angleterre avec la Révolution américaine, et a ensuite la conquête de l'ouest jusqu'à ce qu'il devienne l'énorme, pays riche que l'on connait aujourd'hui.

Tel est le mythe d'origine. Il omet trois principaux faits concernant la naissance et la croissance des États-Unis en tant que nation. Ces faits démontrent que La suprématie blanche est fondamentale pour l'existence de ce pays.

A. Les États-Unis est un État-nation créée par la conquête militaire en plusieurs étapes. La première étape était la saisie européenne des terres habitées par les peuples autochtones, qu'ils ont appelé Turtle Island. Avant l'invasion européenne, il y avait entre neuf et dix-huit millions d'autochtones en Amérique du Nord. À la fin des guerres indiennes, il y avait environ 250 000 dans ce qui est maintenant appelé les Etats-Unis, et environ 123 000 dans ce qui est aujourd'hui le Canada (source de ces chiffres de la population du livre _La État de Native America_ éd. Par M. Annette Jaimes , South End Press, 1992). Ce processus doit être appelé un génocide, et il a créé la base de terre de ce pays. L'élimination des peuples autochtones et la saisie de leurs terres était la première condition de son existence.

dimanche 13 décembre 2015

Le Franc CFA pour les nuls



Dans cet article nous allons essayer de résumer les arguments présentés dans l’excellent livre de Nicolas AGBOHOU, livre intitulé « Le franc CFA et l’euro contre l’Afrique ».



Nous éviterons de nous attarder sur les détails techniques, afin de rendre l’article compréhensible par un public large. Nous vous recommandons fortement de lire le livre du professeur AGBOHOU pour approfondir sur le sujet.

1) origine du Franc CFA


La signification du franc CFA a évolué avec le temps, en fonction des contextes politiques, toujours dans le souci d'endormir les africains. Le franc CFA a été créé le 25 Décembre 1945 par un décret signé par trois français : Charles De Gaulle (président du gouvernement provisoire) ;René Pleven (Ministre des Finances) ; et Jacques Soustelle (Ministre des colonies). La signification du franc CFA était alors Franc des Colonies Françaises d'Afrique.

Aujourd'hui franc CFA signifie franc de la Communauté Française d'Afrique. On joue sur les mots pour mieux cacher la réalité qui pourrait choquer. Nous préférons la première dénomination, car c’est celle qui d’après nous reflète le mieux la réalité.

A l'époque où Rome colonisait la Gaule (actuelle France), l’empereur romain Jules César, suite à une bataille qui opposa son armée aux Gaulois portés par Vercingétorix, dit ceci des Gaulois :« c’est une race d’une extrême ingéniosité et ils ont de singulières aptitudes à imiter et à exécuter ce qu’ils voient faire des autres ». Jules César n'avait pas tout à fait tort.

En ce qui concerne le CFA, les français n'ont pas imaginé eux-mêmes ce mécanisme. C'est un procédé qui leur a été appliqué par les allemands lorsque les français étaient sous leur occupation entre 1939 et 1944. Les allemands, dès l'occupation de la France et des pays d'Europe inventèrent des monnaies locales (Deutsch des territoires occupés) qu'ils associèrent au vrai Deutsch mark (monnaie allemande de l'époque). Les allemands ont mis en place ces monnaies, avec un mécanisme qui permettait à l'Allemagne nazi le pillage en règle des territoires occupés. A la fin de la guerre (1945), la France ne s'est pas gênée: elle a copié exactement le mécanisme nazi, qu'elle a appliqué à ses colonies d'Afrique; et ça dure jusqu'à nos jours.

Le premier à avoir écrit sur le CFA et dénoncé cet outil de pillage de l’Afrique dite francophone fut le docteur en économie camerounais du nom de Tchuindjang Pouemi. Il a écrit en 1983 un livre intitulé Monnaie, servitude et liberté. La répression monétaire de l’Afrique. Peu de temps après ce livre il est décédé dans des circonstances douteuses. Assassinat en règle par la France ou simple coïncidence? A chacun de juger. Depuis ce fut un silence de mort. Personne n'avait plus osé écrire de manière critique sur le franc CFA, jusqu'à ce que le professeur Nicolas AGBOHOU nous gratifie en 2008 de son ouvrage intitulé Le franc CFA et l’Euro contre l’Afrique.

Notre recherche de documentations sur le franc CFA nous a permis de trouver deux autres livres : Le franc CFA, d’où vient-il, où va-t-il ?, du congolais Serge Ikiemi ; et Le franc CFA : Pourquoi la dévaluation de 1994 a tout changé, du journaliste français Rémi Godeau. Ces deux derniers livres se contentent de décrire les mécanismes de fonctionnement de franc CFA, sans véritablement proposer d’analyses critiques, contrairement au livre de Nicolas AGBOHOU.

2) Le fonctionnement du CFA et les règles de base


Dans un souci de faire comprendre à un public large, nous allons expliquer de manière simplifiée le fonctionnement du franc CFA, sans plonger dans les détails. Les mécanismes de base du fonctionnement du franc CFA sont simples. Il y a trois acteurs en jeu:

- Les pays Africains soumis à l’utilisation du franc CFA ;
- La France ;
- Et le reste du monde.

Enfin il y a ce que l'on appelle "Compte d’opérations". Le Compte d’opérations est un Compte bancaire ouvert auprès de la Banque de France pour chaque pays qui utilise le franc CFA. Lorsque la France veut des biens de pays africains, elle imprime le CFA (à Clermont Ferrant en France – et les pays africains payent pour les frais d’impression) et vient récupérer les vrais biens des pays africains avec ce papier. Ensuite la France écrit sur les Comptes d’opérations un crédit équivalent (en gros la France prend les biens des pays africains et écrit sur une ligne d’ordinateur que ces pays ont du crédit auprès de la banque de France). Ce papier dénommé franc CFA n'est utilisable qu'auprès de la Banque de France.

Lorsque les pays africains veulent acheter les biens en France, ils se pointent avec ce papier à la Banque de France, et la banque de France leur donne des euros pour acheter chez eux (le compte d’opérations est débité si nécessaire). Lorsque les pays africains veulent acheter ailleurs qu’en France ils vont demander des dollars auprès de la Banque de France. Après toutes les pressions politiques imaginables, lorsque la France accepte de leur donner les devises, un ajustement (débit) est effectué sur leurs comptes d’opérations si nécessaire.

Lorsqu'un acteur quelconque vient acheter les matières premières africaines (c'est l’essentiel de ce que les africains ont à vendre pour l'instant), il les paye en dollars. Pour l’Afrique centrale, 60% de ces dollars sont purement et simplement récupérés par la Banque de France, et seulement 40% descendent en Afrique. La France écrit alors dans les comptes d’opérations des pays africains qu’ils ont l’équivalent des 60% de crédit en plus. Pour l’Afrique de l'ouest c'est 50%(restent à la Banque de France) et 50% descendent en Afrique. Officiellement la France retient cet argent pour garantir le taux de change Fixe 1€=655fcfa. D'abord on nous dit que le taux est Fixe, ensuite on apprend qu'en réalité ça ne l'est pas. Les acteurs économiques dans le monde ajustent en fonction de la valeur réelle de biens des africains. Lorsqu'ils s'apprécient, la France crédite les comptes d’opérations, et lorsqu'ils se déprécient la France débite les comptes d'opérations.

En réalité il n y a pas de taux fixe, les pays africains payent pour maintenir ce taux fixe artificiel ; parité qui n’est pas nécessairement dans l’intérêt des pays africains, comme nous expliquerons plus bas. Dans le livre d'AGBOHOU il est dit que les comptes d'opérations pour la seule zone de l’Afrique centrale présentaient un solde créditeur de 4 311.7 milliards F CFA en fin Mars 2007.

La France y a accumulé une fortune qu'elle utilise pour elle, n’a jamais rien restitué aux africains, et se contente d'écrire sur un écran d'ordinateur (compte des opérations) qu'elle leur doit, et que les africains peuvent acheter des biens en France. En plus de prendre gratuitement (sans débourser tout de suite) les biens africains avec son CFA, la France utilise les devises extérieures africaines du compte d'opérations pour son fonctionnement, place une partie de cet argent sur les marchés financiers, en reçoit les intérêts, prête une partie de ces intérêts gagnés sur leur argent, aux africains. Ensuite la France bat tambour dans ses médias et ceux africains qu'elle les aide. Pour cela elle a toute une artillerie de structures: agence française du développement,...

Pendant que les africains manquent des infrastructures, qu’ils cherchent des devises pour les construire, la France utilise grassement leur argent du compte des opérations, qui ne cesse de s'accumuler. Il faut être rêveur pour espérer que la France rendra aux africains 1 centime de cet argent un jour.

Voilà résumé le fonctionnement du CFA. A retenir: la France obtient les matières premières des pays africains sans débourser la moindre devise; si la France n'a rien qui intéresse les pays africains alors les matières premières qu'elle leur prend sont gratuites pour la France. Plus les pays africains exportent à l'étranger, plus ils enrichissent la France: 60% de leurs exportations pour l'Afrique centrale, et 50% pour l'Afrique de l'ouest sont purement et simplement retenus par la France. Le solde des avoirs extérieurs africains ainsi « rackettés » par la France cumulait à 4 311.7 milliards F CFA en fin Mars 2007, et ceci uniquement pour la zone BEAC (Afrique centrale). Les africains ne sont pas libres d'acheter ce qu’ils souhaitent où ils veulent dans le monde, car il faut que les africains passent par la France pour les devises. Tout ce que la France ou l'union européen appelle "aide" n'est en réalité qu'une partie de l’argent des africains du compte d’opérations, que la France leur prête à des taux d'intérêt non nuls. S'il y a quelque chose à retenir du FCFA c'est ce dernier paragraphe.

3) Les institutions du franc CFA et l'économie locale


Bien qu'ils portent le même nom, les franc CFA des différentes régions (Afrique centrale, Afrique de l'ouest et Comores) ne sont pas convertibles entre eux. Si un camerounais veut acheter de la marchandise en côte d'ivoire, il doit aller convertir son CFA en France contre l'euro, acheter les CFA de l'Afrique de l'ouest et aller acheter en Côte d'ivoire.

Officiellement le CFA de chaque zone est géré par la banque centrale de ladite région, et chaque Banque centrale est libre dans la prise de ses décisions. Ce qui pourrait laisser penser que ces banques sont libres de manipuler le franc CFA dans l'intérêt de leurs peuples. C’est malheureusement Faux. En effet La France s'est arrangée pour contrôler aussi les Banques centrales des pays africains qui utilisent le franc CFA. En Afrique centrale, le conseil d’administration de la banque centrale (BEAC) est constitué de 13 membres, dont 3 français désignés par le gouvernement français. En Afrique de l’ouest le conseil d’administration de la banque centrale (BCEAO) est constitué de 16 membres, dont 2 français désignés par le gouvernement français. Aux Comores le conseil d’administration de la banque centrale comorienne (BCC) est constitué de 8 membres, dont 4 français désignés par le gouvernement français.

En Afrique centrale, le conseil d’administration de la BEAC « délibère valablement lorsque au moins 1 administrateur par état membre et 1 administrateur français sont présents ou représentés ». Ce qui signifie, en reprenant les termes mêmes du professeur AGBOHOU, qu’il suffit pour la France de pratiquer la politique de la chaise vide (n’envoyer aucun de ses membres aux réunions de prise de décisions) pour bloquer toutes les affaires des six pays membres de la BEAC.

En Afrique de l’ouest les statuts de la BCEAO stipulent que pour que des décisions soient prises au conseil d’administration elles « doivent recueillir l’unanimité des membres du conseil d’administration ». Or comme dit plus haut la France compte 2 membres au conseil d’administration.

Dans les Comores, le conseil d’administration de la BCC « délibère valablement lorsque au moins six de ses membres sont présents ou représentés. Les délibérations doivent être adoptées par 5 au moins des membres présents ou représentés ». Or comme expliqué plus haut ce conseil d’administration est constitué de 4 comoriens et 4 français.

On constate donc que par ces dispositions statutaires la France dispose d’un droit de veto au sein de chacune des banques centrales des 3 zones CFA, sans qu’aucun pays africain n’ait réciproquement de regard sur la politique monétaire française. Par ce veto nombre d’avantages promis aux africains concernant le CFA ne peuvent pas être concrétisés, car la France mettra toujours et logiquement son veto pour éviter par exemple des opérations de création monétaire (Quantitative Easing), ou que les comptes d’opérations passent durablement en négatif, ce qui irait contre les intérêts de la France.

La conséquence de ce droit de veto c'est que les pays africains ne peuvent même pas utiliser cette monnaie (prêts aux entreprises, Quantitative Easing, dévaluation, surévaluation, ...) pour booster leurs économies. De nos jours la politique monétaire est un outil indispensable pour piloter l'économie. En l'occurrence la structure économique des pays africains qui utilisent le CFA voudrait que leur monnaie soit moins forte que la valeur actuelle du franc CFA arrimé à l’EURO. Pour se permettre une monnaie forte un état devrait avoir une économie qui produit des biens très hauts de gamme, rares ou difficilement « concurrençables ». En Europe il n y a que l’Allemagne qui peut se permettre le luxe de l'euro fort tel qu'il est actuellement.

Ça fait 1 dizaine d'années que la chine (2ème économie mondiale) est accusée de volontairement garder sa monnaie basse. Les Etats-Unis ont laissé chuter le dollar et ne font rien pour le relever. Dans ce contexte, on impose aux économies comme celles africaines, qui ne produisent pas de biens hauts de gamme une monnaie arrimée à l'Euro, que l’on s’obstine à maintenir à une parité fixe (1euro = 655 FCFA). C'est une aberration, mais tant que cela arrangera la France, à moins que les africains contraignent la France à lâcher l'étau autour de leur cou, la France ne permettra jamais que cela change. Si l’Afrique de développe économiquement et prend son destin en main, la France se retrouvera certainement dans une situation économique alarmante. La France vit de l'exploitation de l’Afrique. Ce n'est pas nous qui le disons, mais l'ex président français Jacques Chirac dans une de ses interviews après sa retraite.

_______

Références :

IKIEMI Serges, Le franc CFA, d’où vient-il ? Où va-t-il ?, l’Harmattan, 2010.
AGBOHOU Nicolas, Le franc CFA et l’EURO contre l’Afrique, Editions Solidarite mondiale, 2008.
GODEAU Rémi, Le franc CFA, pourquoi la dévaluation de 1994 a tout changé, Septa, 1995.
TCHUINDJANG POUEMI Joseph, Monnaie, servitude et liberté. La répression monétaire de l’Afrique, Cameroun, Edit. J. A., 1985.

Pour aller plus loin:


Source : http://cameroonvoice.com/