mercredi 20 avril 2016

Le panafricanisme comme principe d'organisation


Il existe au sein de la communauté noire de France et parmi les populations africaines en générale un problème qu'il nous faut urgemment résoudre si nous souhaitons nous engager correctement sur le chemin de l'élévation politique, économique, culturelle et sociale. Ce problème c'est notre désorganisation chronique. En effet, comment faire progresser notre communauté et lui garantir le bien-être, à plus forte raison dans un environnement hostile, si nous ne somme pas organisés, disciplinés, structurés ?

Selon le dictionnaire (un livre que nous devrions tous avoir à portée de main pour éviter de raconter n'importe quoi), "organiser" c'est s'occuper de chacun des éléments d'un ensemble de façon à constituer un tout cohérent et adapté à sa destination.

L'organisation suppose donc la présence d'un organisateur et d'une activité à organiser. Beaucoup d'entre nous se réunissent régulièrement à l’église, au temple, à la mosquée, se rassemblent dans des événements de divers types, et disent appartenir à des organisations. Cependant, nous nous trouvons encore trop désorganisé à l'échelle communautaire.

Dans le genre d'environnement dans lequel nous vivons, dans un système discriminatoire qui manque régulièrement de respect aux noirs, dans une société rongée par les préjugés racistes qui a du mal à accepter le Noir en tant que citoyen à part, nous ne pourrons pas avancer à moins que nous n'adoptions une démarche de panafricaine. De plus nous n'avancerons pas, même avec le panafricanisme, si nous échouons à nous organiser correctement.

Beaucoup de nos grands leaders nous a apporté un haut degré de panafricanisme et également un haut degré d'organisation communautaire. Par exemple, Marcus Garvey, précurseur du panafricanisme et chantre de l’union des noirs du monde entier, nous a offert avec  l'UNIA notamment, un haut degré d'organisation communautaire. Elijah Muhammad, qui dirigea, orienta et fit prospérer la Nation Of Islam  de 1934 et 1975, nous a offert un haut degré d'organisation communautaire. Bobby Seale et Huey P. Newton, fondateurs du mouvement ô combien révolutionnaire Black Panther Party for Self-Defense nous ont offert un haut degré d'organisation communautaire. Le Dr. Kwame Nkrumah, père de l'indépendance Ghanéenne en créant en 1968, afin de lutter contre le colonialisme, le néo-colonialisme, le sionisme, l'impérialisme et toutes les formes d'oppression et d'exploitation  capitaliste, le "All-African People's Revolutionary Party" nous a offert un haut degré d'organisation communautaire. Je pourrais continuer comme cela durant des semaines tant les exemples sont nombreux. L'élévation communautaire et la désorganisation sont incompatibles. S'il y a organisation, il y a de facto élévation communautaire.

Il ne suffit pas de réunir plusieurs Noirs dans une pièce pour être considéré comme une organisation. Pour bâtir une communauté solide, chacun d'entre nous doit chercher à se solidifier (politiquement, économiquement, culturellement, socialement et moralement). C'est en devenant de véritables "Négros Solides" et en nous regroupant autour d'un agent organisateur capable de planifier, de nous structurer, de faire de nous les rouages efficaces d'une mécanique de précision dévolue à notre élévation, que nous serons assurément organisés.

Nous organiser n'implique pas que nous devions diluer nos particularités (langues, système de valeurs, traditions, croyances). Chacune des composantes de notre communauté est unique. Il ne s'agit pas de perdre nos spécificités pour s'organiser communautairement, mais de les développer en adéquation avec le panafricanisme, afin que chacun puisse trouver sa place et contribuer à notre bien-être collectif.

Des générations de noirs se sont efforcées de s'organiser, notamment depuis l'époque où nos pères furent asservis puis colonisés. Ils avaient compris qu'ils ne pourraient rien faire individuellement, qu'ils avaient besoin d'œuvrer collectivement afin d'accomplir une tâche qui en valait la peine. C'est d'ailleurs ce que nous enseigne la sagesse africaine à travers le fameux adage affirmant que "Seul, on va plus vite; Ensemble, on va plus loin " !!!

Ne nous laissons pas non plus emporter par notre ego ou le dogmatisme, car c'est la meilleure manière de ne plus être en mesure de saisir la nécessité de nous unir, de nous lier avec nos frères et sœurs malgré leurs différences.

Si vous et moi, ne parvenons pas à accepter et à dépasser nos différences, nous ne parviendrons jamais à nous organiser au-delà de notre ressemblance et serons condamné à rester au niveau zéro d’organisations communautaire simples, incapables d'agir dans l'intérêt supérieur de notre communauté. Nous resterons faibles et divisés, exploités et opprimés par des hommes et des femmes puissants qui, eux, ont compris le principe de l'organisation et son importance.

Si nous voulons vraiment être libre, si nous voulons vraiment être les maîtres de notre propre destinée, si nous voulons vraiment être autodéterminés, alors l'organisation communautaire doit aller de pair avec ce désir, et le panafricanisme doit être notre GPS afin que nous puissions accomplir ce que nous souhaitons.


Panafricainement Votre, Franswa Makandal