Cyrille Charles Auguste Bissette, homme politique martiniquais |
Le fils du demi-frère de Joséphine de Beauharnais
Cyrille Bissette est un libre de couleur : son père est le demi-frère de Joséphine de Beauharnais, épouse en deuxième noce du général Bonaparte, l’homme qui rétablit l’esclavage dans les colonies françaises en 1802. Dans un premier temps, il suit une logique esclavagiste et va même, en 1822, jusqu’à participer à la répression contre des esclaves révoltés... En 1823, toutefois, il va changer d’opinion et d’engagement concernant la question de l’esclavage.
L’affaire Bissette en 1823
En effet, cette année-là, un petit livre circule sous le manteau. Son titre : "De la situation des libres de couleur aux Antilles françaises". Il s’agit, en fait, d’un pamphlet contre le système esclavagiste. Bissette est dénoncé aux autorités coloniales : sa maison est assaillie et la police y découvre plusieurs pétitions demandant l’abolition de l’esclavage. On l’arrête, après plusieurs procédures devant les tribunaux, il est interdit de séjour pendant dix ans à La Martinique. De plus, alors que la décision prise en première instance le condamnant à être marqué au fer rouge n’est pas encore définitive, on exécute le jugement : il est marqué au fer rouge et exposé sur place publique.
L’affaire Houat de 1835
Bissette n’arrête pas son combat. Il fonde en 1834, "La revue des colonies"... C’est en 1835 que l’affaire Houat éclate à La Réunion : les policiers retrouvent des exemplaires de la revue publiée par Bissette au domicile de Houat, alors que la date de publication de la revue est récente et que les communications sont difficiles entre La France et les Mascareignes. C’est aussi à Bissette que Houat, mis au secret par les autorités de la colonie, sentant qu’il court un réel danger, écrit une longue lettre, qui permet d’alerter les milieux libéraux de Paris et sans doute d’éviter le pire au Réunionnais... Banni de La Réunion et résident forcé à Paris, Timagène Houat travaille avec Bissette à l’abolition future de l’esclavage.
Nouvelle affaire Bissette - Houat en 1844
Les deux hommes font confiance à leur littérature pour combattre le système honni. C’est ainsi, qu’ils font l’expédition de livres, de brochures et de revues vers l’île anglaise de La Dominique sans doute via les colonies françaises des caraïbes.. On y trouve des exemplaires de "La revue des colonies", cent cinquante exemplaires du roman "Les marrons" de Timagène Houat et de la littérature d’un écrivain anglais, militant anti-esclavagiste. Les documents sont saisis , et ne seront pas acheminés vers leur lieu de destination, malgré les protestations des expéditeurs : il sera fait retour des ouvrages au Ministère de la Marine à Paris.
1848 : l’abolition de l’esclavage
Les journées de Février 1848 renversent la royauté de Louis-Philkippe d’Orléans et la République est proclamée. Le 27 avril 1848, Victor Schoelcher, sous-secrétaire d’État à la Marine obtient du gouvernement provisoire le décret tant attendu d’abolition de l’esclavage ? Schoelcher se rend aux Antilles pour faire entrer dans les faits ce décret. Cyrille Bissette lui aussi se rend chez lui pour se présenter aux élections. On a vu que Houat a été candidat à La Réunion contre l’ancien procureur qui l’a fait condamner mais la fraude électorale empêche l’élection de notre compatriote.
La carrière politique de Bissette
Bissette est élu, mais le tribunal, par un vrai déni de justice, annule son élection pour incapacité personnelle : un jugement de faillite a été pris contre lui, mais ce jugement a déjà été annulé. Le jugement d’annulation de son élection n’a donc pas de base légale... En 1849, Bissette change de stratégie. Il s’allie au béké Auguste Pécoul, ce qui fait hurler contre lui, une partie des libres de couleur, mais il est élu contre Schoelcher. Il propose la réconciliation des békés, des libres de couleur et des nouveaux citoyens comme alternative politique, ainsi que la renonciation à l’assimilation, plus dans la logique du programme de son adversaire Schoelcher.
Bissette, malade, doit se retirer de la vie politique et meurt en 1858 sans avoir pu vraiment jeter les bases de son projet politique. Aujourd’hui encore, il semble que ce grand Martiniquais soit mal connu de ses compatriotes et bien qu’il ait beaucoup fait pour l’abolition de l’esclavage, c’est à Schoelcher qu’on attribue la paternité de cette mesure.
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