Après enquête le verdict tombe tranchant comme le coutelas. Une noire ne pèse sur la balance de la séduction que par les fantasmes qu’elle suscite, largement à cause des stéréotypes liés à sa couleur. Yann Le Bihan chercheur au laboratoire de psychologie sociale de l’EHESS à fait la constatation suivante :
« J’avais remarqué que la femme noire exerçait une certaine attraction sur les hommes blancs de mon entourage. Je voulais comprendre pourquoi. Ensuite savoir quelle était la représentation associé a cette attraction, en me focalisant sur deux aspects : la fonction de la représentation et le rôle qu’y jouait le statut social. »
Yann Le Bihan a employé pour ce faire plusieurs méthodes complémentaires : entretiens directs (association de mots), petites annonces piégées (même annonces avec 3 libellés différents dans 2 journaux au lectorat différent).
Introduire des variables a permis d’obtenir une base de comparaison et une grille d’analyse par rapport à la noire. Les résultats sont désespérants, car ils établissent d’une manière formelle que les idées reçues et les stéréotypes ont la vie dure. La femme noire apparaît comme une femme de second choix, vers qui l’homme blanc se tourne lorsque tout autre choix est épuisé.
La femme noire se réduit aux yeux du blanc à un pur fantasme sexuel. Elle est réduite à une série de clichés aussi négatifs les uns que les autres. Elle en prend pour la couleur de sa peau. Une tendance qui s’est amorcée dès la phase des entretiens directs. A son évocation, la quasi-totalité des hommes interrogés avaient associé instantanément des mots sexualité, volupté , sensualité etc. à la femme noire. Toutes les descriptions données par les hommes blancs furent exclusivement centrées sur le corps de la femme noire.
Quant aux petites annones, elles ont correspondu aux caractères sexuels de l’intérêt porté aux femmes noires. Sur les 3 annonces il y a eu 637 réponses : blonde 241 soit 41%, métisse 213 soit 33,4% et noire 163 soit 25,6%.
Le constat est le suivant : les hommes qui se sont intéressés à la femme noire sont loin de faire partie de la crème sociale ou de l’élite économique. Il s’agit ensuite d’hommes assez âgés par rapport à l’âge correspondant à celui de l’annonce ; en moyenne + de 43 à + de 50 ans présentant des stigmates ou des handicaps physiques limitant leur charme et leur pouvoir de séduction, enfin tout ce qui compromet de pouvoir séduire une jeune femme de 20 ans leur cadette.
Ce qui inversement signifie qu’une femme noire ne suscite pas l’intérêt d’un jeune homme blanc de même classe d’âge, de même niveau social et économiquement à l’aise.
Autre triste constat, la femme noire a eu plus de réponse d’homme économiquement inactif, au chômage avec une proportion de divorcés plus élevée. Egalement de provinciaux ayant un capital économique plus faible et un statut social plus bas que la moyenne. Certains ont même indiqué rechercher une femme solide pour les travaux des champs…
Sur les critères de relations sérieuses et du mariage, si les blondes et métisses ont bien reçu des réponses à caractère nuptial, la noire en revanche a croulé sous les indécences d’ordre sexuelles. Ce qui recoupe les entretiens directs au cours desquels elle était dépeinte comme voluptueuse, lubrique,sexuellement disponible etc.
Comment les hommes blancs sont-ils arrivés à associer systématiquement femme noire et sexualité, voir perversité ?
D’après Yann Le Bihan l’explication se trouverait dans le stéréotype que véhicule les noirs d’une manière plus générale. Si l’homme blanc fantasme sur la femme noire, la femme blanche peut aussi avoir la projection fantasmagorique de l’étalon noir. Car homme et femme noir dans ce stéréotype sont tous deux dotés d’une sexualité débridée. On peut définir cette attitude comme liés aux aspects négatifs que représentent les stéréotypies. Mais aussi de préjugés négatifs pré-définis non fondés et dévalorisants. Ce qui nous mène à une attitude discriminatoire et raciste.
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