Il existe au sein de la
communauté noire de France et parmi les populations africaines en générale un
problème qu'il nous faut urgemment résoudre si nous souhaitons nous engager
correctement sur le chemin de l'élévation politique, économique, culturelle et
sociale. Ce problème c'est notre désorganisation chronique. En effet, comment
faire progresser notre communauté et lui garantir le bien-être, à plus forte
raison dans un environnement hostile, si nous ne somme pas organisés,
disciplinés, structurés ?
Selon le dictionnaire (un
livre que nous devrions tous avoir à portée de main pour éviter de raconter
n'importe quoi), "organiser" c'est s'occuper de chacun
des éléments d'un ensemble de façon à constituer un tout cohérent et adapté à
sa destination.
L'organisation suppose
donc la présence d'un organisateur et d'une activité à organiser. Beaucoup
d'entre nous se réunissent régulièrement à l’église, au temple, à la mosquée,
se rassemblent dans des événements de divers types, et disent appartenir à des
organisations. Cependant, nous nous trouvons encore trop désorganisé à
l'échelle communautaire.
Dans le genre
d'environnement dans lequel nous vivons, dans un système discriminatoire qui
manque régulièrement de respect aux noirs, dans une société rongée par les
préjugés racistes qui a du mal à accepter le Noir en tant que citoyen à part,
nous ne pourrons pas avancer à moins que nous n'adoptions une démarche de
panafricaine. De plus nous n'avancerons pas, même avec le panafricanisme, si
nous échouons à nous organiser correctement.
Beaucoup de nos grands
leaders nous a apporté un haut degré de panafricanisme et également un haut
degré d'organisation communautaire. Par exemple, Marcus Garvey, précurseur du
panafricanisme et chantre de l’union des noirs du monde entier, nous a offert
avec l'UNIA notamment, un haut
degré d'organisation communautaire. Elijah Muhammad, qui dirigea, orienta et
fit prospérer la Nation Of Islam de
1934 et 1975, nous a offert un haut degré d'organisation communautaire. Bobby
Seale et Huey P. Newton, fondateurs du mouvement ô combien révolutionnaire Black
Panther Party for Self-Defense nous ont offert un haut degré d'organisation
communautaire. Le Dr. Kwame Nkrumah, père de l'indépendance Ghanéenne en créant
en 1968, afin de lutter contre le colonialisme, le néo-colonialisme, le
sionisme, l'impérialisme et toutes les formes d'oppression et
d'exploitation capitaliste, le "All-African
People's Revolutionary Party" nous a offert un haut degré
d'organisation communautaire. Je pourrais continuer comme cela durant des
semaines tant les exemples sont nombreux. L'élévation communautaire et la
désorganisation sont incompatibles. S'il y a organisation, il y a de facto élévation
communautaire.
Il ne suffit pas de
réunir plusieurs Noirs dans une pièce pour être considéré comme une
organisation. Pour bâtir une communauté solide, chacun d'entre nous doit
chercher à se solidifier (politiquement, économiquement, culturellement,
socialement et moralement). C'est en devenant de véritables "Négros
Solides" et en nous regroupant autour d'un agent organisateur capable
de planifier, de nous structurer, de faire de nous les rouages efficaces d'une
mécanique de précision dévolue à notre élévation, que nous serons assurément
organisés.
Nous organiser n'implique
pas que nous devions diluer nos particularités (langues, système de valeurs,
traditions, croyances). Chacune des composantes de notre communauté est unique.
Il ne s'agit pas de perdre nos spécificités pour s'organiser communautairement,
mais de les développer en adéquation avec le panafricanisme, afin que chacun
puisse trouver sa place et contribuer à notre bien-être collectif.
Des générations de noirs
se sont efforcées de s'organiser, notamment depuis l'époque où nos pères furent
asservis puis colonisés. Ils avaient compris qu'ils ne pourraient rien faire
individuellement, qu'ils avaient besoin d'œuvrer collectivement afin
d'accomplir une tâche qui en valait la peine. C'est d'ailleurs ce que nous
enseigne la sagesse africaine à travers le fameux adage affirmant que "Seul,
on va plus vite; Ensemble, on va plus loin " !!!
Ne nous laissons pas non
plus emporter par notre ego ou le dogmatisme, car c'est la meilleure manière de
ne plus être en mesure de saisir la nécessité de nous unir, de nous lier avec
nos frères et sœurs malgré leurs différences.
Si vous et moi, ne parvenons
pas à accepter et à dépasser nos différences, nous ne parviendrons jamais à nous
organiser au-delà de notre ressemblance et serons condamné à rester au niveau zéro
d’organisations communautaire simples, incapables d'agir dans l'intérêt
supérieur de notre communauté. Nous resterons faibles et divisés, exploités et
opprimés par des hommes et des femmes puissants qui, eux, ont compris le
principe de l'organisation et son importance.
Si nous voulons vraiment
être libre, si nous voulons vraiment être les maîtres de notre propre destinée,
si nous voulons vraiment être autodéterminés, alors l'organisation
communautaire doit aller de pair avec ce désir, et le panafricanisme doit être
notre GPS afin que nous puissions accomplir ce que nous souhaitons.
Panafricainement Votre,
Franswa Makandal