"Quoi dire encore ? mais nous devons parler car sinon, à ce moment si nous ne parlons pas le coeur peut éclater, nos larmes ne doivent cependant pas noyauter la vérité, nous combattants de la liberté nous ne pleurons pas la mort d'un homme, même d'un homme qui a été un compagnon de lutte et un révolutionnaire exemplaire car comme dit souvent le président Ahmed SÉKOU TOURÉ qu'est ce que l'homme devant le devenir infini et transgressant du peuple et de l'humanité ? nous ne pleurons pas non plus le peuple du Ghana bafoué dans ses réalisations les plus belles, dans ses aspirations les plus légitimes, nous ne pleurons pas également l'Afrique trahie, nous pleurons oui de haine envers ceux qui ont été capables de trahir N'KRUMAH au service ignoble de l'impérialisme...
Mr le Président, l'Afrique en exigeant par la voix du peuple de la république de Guinée, interprétée fidèlement comme toujours par le président SÉKOU TOURÉ, que N'KRUMAH a placée à sa place de droit aux plus hautes cimes du Kilimandjaro de la révolution africaine, l'Afrique se réhabilite devant elle même et devant l'Histoire, le président N'KRUMAH auquel nous rendons hommage c'est d'abord le stratège génial de la lutte contre le colonialisme classique, celui qui a créé ce que nous pouvons appeler le positivisme africain, ce qu'il a appelé "positive action", l'action positive, nous rendons hommage à l'ennemi déclaré du néocolonialisme en Afrique et ailleurs, au stratège du développement économique de son pays,
Mr le Président nous saluons le combattant de la liberté des peuples d'Afrique qui a toujours su accorder un appui sans réserves aux mouvements de libération nationale et nous voulons vous dire ici que nous, en Guinée et aux îles du Cap Vert, s'il est vrai que le facteur primordial pour le développement de notre lutte à l'extérieur de notre pays a été l'indépendance de la république de Guinée, le "non" héroïque du peuple guinéen le 28 septembre 1958, il est vrai aussi que si nous sommes partis vers la lutte encouragés, cela a été beaucoup dû à l'appui concret du Ghana et particulièrement du président N'KRUMAH...
Mr le Président, nous devons cependant en ce moment nous rappeler que toutes monnaies dans la vie ont deux faces, toutes les réalités ont des aspects positifs et négatifs...jusqu'à quel point donc le succès de la trahison au Ghana est il lié ou non lié à des problèmes de la lutte de classe, des contributions de structures sociales, du rôle du parti ou d'autres institutions, y compris des forces armées dans le cadre d'un nouvel état indépendant, jusqu'à quel point, demandons nous à nous mêmes, le succès de la trahison au Ghana est il ou non lié à une définition correcte de cette entité historique et artisan de l'Histoire qu'est le peuple et à son action quotidienne, en défendant ses propres conquêtes dans l'indépendance ? où jusqu'à quel point le succès de la trahison n'est il pas lié au problème majeur du choix des hommes dans la Révolution ? mon idée sur cette question nous permettra peut être de comprendre la grandeur de l'Oeuvre de N'KRUMAH, de comprendre la complexité des problèmes qu'il a dû affronter combien de fois seul, des problèmes qui nous permettront sûrement de conclure que, tant que l'impérialisme existe, un état indépendant en Afrique doit être un mouvement de libération au pouvoir ou il ne sera pas, qu'on ne vienne pas nous affirmer que N'KRUMAH est mort d'un cancer de la gorge ou d'autres quelconques maladies, non, N'KRUMAH a été tué par le cancer de la trahison que nous devons extirper, dont nous devons extirper les racines en Afrique si nous voulons vraiment liquider définitivement la domination impérialiste sur ce continent mais nous, Africains, nous croyons fermement que les morts continuent vivants à nos côtés, nous sommes des sociétés de morts et de vivants, N'KRUMAH ressuscitera chaque aube dans le coeur et dans les déterminations des combattants de la liberté, dans l'action de tous les véritables patriotes africains, nous mouvement de libération nous ne pardonnerons pas à ceux qui ont trahi N'KRUMAH, le peuple du Ghana, l'Afrique ne pardonnera pas, l'humanité progressiste ne pardonnera pas"
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