mercredi 5 novembre 2014

KEMI SEBA SUR WILLY SAGNOL, LES JOUEURS AFRICAINS, LILIAN THURAM ET LA BIEN PENSANCE





Il serait ridicule de rester 100 ans à maugréer (comme le font les adeptes de la bien-pensance en France) sur les propos de Willy Sagnol qui déclare:


"Le joueur typique Africain n'est pas cher quand on le prend. Il est prêt au combat, généralement. Et il est qualifié de puissant. Mais le foot n'est pas que cela. C'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline. Donc il faut de tout. Faut des Nordiques aussi."


On pourrait lui rétorquer rapidement que techniquement, YAYA TOURE, WILFRED BONY,GERVINHO DROGBA, ETOO , ESSIEN, WEAH, et tant d'autres, ont ou avaient une capacité technique, une intelligence de jeu , que SAGNOL, n'a jamais atteint (même dans ses rêves les plus fous, à l'époque où il était joueur).

Mais on peut aussi arrêter l'hystérie victimaire, et se poser des questions de fond. Pourquoi au 21ème siècle, bon nombre de gens en Occident,stupides ou pas, ont à l'esprit des stéréotypes aussi marqués sur le manque d'intelligence ou de discipline des joueurs venus d'Afrique?

On pourrait, pour pousser le bouchon de la réflexion, s'interroger sérieusement, sur l'ETAT du football afro actuellement. Avant de crier au racisme, répondons sérieusement. Est ce que le football africain , dans son ensemble, est bien structuré, organisé? Est ce que la formation est en adéquation avec le potentiel de nos joueurs? Dans la plupart des cas (à quelques exceptions tels que l'ASEC ABIJDJAN, le TP MAZEMBE, et d'autres) , notre football souffre du manque d'encadrement et de moyen. Nos fédérations africaines de football reçoivent de l'argent, mais le détournent dans leur propres poches au lieu d'investir dans des infrastructures dignes de ce nom pour notre jeunesse, agissant sur ce terrain en conformité avec l'état de délabrement politique de bon nombre de nos pays.

Nos sportifs en herbe, jouent dans les rues, ou sur la plage, mais ne bénéficient que trop peu de fois (au contraire des brésiliens qui ont une fédération qui finance la formation) d'une administration de haut niveau désireuse de dépenser pour élever et consolider notre jeu. De ce fait, lorsque bon nombre de nos pépites partent de la terre mère, elles arrivent en Europe avec leur potentiel technique et physique, mais sans repère. Et les occidentaux qui les recrutent, sont confortés dans leur vision selon laquelle, nous courrons vite, nous sommes solides, parfois techniques,mais nous n'avons pas de cultures tactiques. On peut les haïr lorsqu'ils disent cela, mais on peut aussi réfléchir, et faire pression sur nos dirigeants, pour que le processus de professionnalisation chez nous soit digne de ce nom.

On est jamais mieux servi que par soi même. C'est cela l'auto-détermination.

Que les détracteurs de l'Afrique nous critiquent ne doit pas nous empêcher de dormir, ni nous pousser à exiger qu'ils s'excusent. ILS NE SONT PAS NOS MAÎTRES, ET ENCORE MOINS NOS BAROMÈTRES. MAIS RETENONS que des enseignements, des indices devant nous pousser au dépassement, il y en a dans les discours tenus par nos amis, mais aussi parfois, dans ceux émanant de nos ennemis.

~ Kemi Seba, polémiste panafricaniste, chroniqueur et analyste politique TV, écrivain, et conférencier dans les Universités d'Afrique de l'Ouest.

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